Page:Mercure de France - 1744-11.djvu/7

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

phaël, Titien, Rubens, Vandeick, & les autres.

M. Rigaud s’étoit deſtiné pour l’Hiſtoire, & il y ſeroit sans doute parvenu au plus haut degré ; il eſt aiſé d’en juger par le progrès rapide qu’il fit dans ſes Etudes à l’Académie Royale. Il en remporta tous les Prix avec beaucoup de diſtinction par un Tableau du Crucifiement, que j’ai entre les mains ; ſur lequel il fut reçû comme Hiſtorien, quoi qu’il ne ſoit qu’à moitié compoſé, & surtout par le précieux Tableau de la Préſentation, qu’il a terminé vers la fin de ſa vie ; mais le talent & la grande réputation qu’il eut dès ſa jeuneſſe pour la parfaite & belle reſſemblance dans les Portraits augmentant tous les jours dans Paris, il fut bien-tôt ſurchargé d’occupations, & obligé d’abandonner l’Hiſtoire, ſans avoir pû la reprendre, que pour faire par intervalle le dernier Tableau dont je viens de parler.

Il prit pour ſon modéle dans le Portrait le fameux Vandeick, dont le beau Pinceau le charma toujours, & dès les premiers qu’il a faits on y voit cette belle exécution & cette fraîcheur de Carnations, qui ne viennent que d’un Pinceau libre & facile. Il s’attacha dans la ſuite à finir ſoigneusement tout ce qu’il peignoit ; mais ſon tra-