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Page:Mercure de France - 1891 - Tome 2.djvu/24

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JANVIER 1891

Un soir de flamme et d’or haute la basilique, Ravivant les émaux ternis et les couleurs. Ancestrales de l’édifice catholique.

Et soudain cuivre, azur, pourpre chère aux douleurs, Le vitrail que nul art terrestre ne profane ! Jette sur le parvis d’incandescentes fleurs.

Car l’ensoleillement du coucher diaphane, Dans l'ogive où s’exalte un merveilleux concept, Intègre des lueurs d’ambre, et de cymophane.

Il vit avec les saintes images.

J’ai choisi pour l’aimer d’une amour enfantine, Sur l’icone enfumé peint aux quatre couleurs, Un barbare portrait de Sainte byzantine.

Afin que soient les âmes tristes pardonnées, La Sainte aux yeux plus purs que l’Onde et que le Soir Croise dévotement ses mains prédestinées,

Ses belles mains qui n’ont touché que l’encensoir. Et Punique froment réservé pour l’Hostie. Et les nappes de lin où l’Agneau vient s’asseoir.

Limpide, avec l’immarcessible Eucharistie. Du pâle front auréolé de cuivre bleu, Sa chair porte le scel de sa gloire impartie.

Ainsi dans la vapeur des baumes et le jeu Des Orgues, et le chant des vieux antiphonaires. Elle écoute l’appel ineffable d’un dieu.

Et l’orgue, déroulant sa plainte et ses tonnerres, La caresse de mots énamourés ; le chœur. Des hymnodes lui dit les proses centenaires.

Car son âme ingénue et forte, son doux cœur. De neige, comme un vol, béni de tourterelles, Ont fui ce monde impur où le Deuil est vainqueur.

Ne vous semble-t-il pas que, pour si transportés qu’ils soient dans une sorte de région immatérielle et de rêve, ces poèmes témoignent surtout d’une délectation purement physique Quoi (Tétonhant que le Poète ait la même» flamme dans là voix pour chanter le bel azur de l’HelIade, la fleur païenne des lauriers-roses,

Et Narcisse au grand cœur qui mourut de s’aimer.