Page:Mercure de France - 1896 - Tome 17.djvu/361

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les tantes ! Allez chercher Anna et Mme Straamand et Mme Halm !

Quelques dames (émues). — Oui, il faut empêcher cela !

D’autres. — Il faut faire du bruit !

Mlle Skære

. — Les voilà ; Dieu merci. (À Anna, qui

arrive de la chambre en même temps que le prêtre, sa femme et ses enfants, Styver, Guldstad, Mme Halm et les autres hôtes.) Sais-tu à quoi Lind s’est résolu, tout tranquillement ? À s’en aller là-bas comme prêtre —

Anna

. — Oui, je sais.

Mme Halm

. — Et tu lui as promis —

Anna

(confuse). — De partir avec lui.

Mlle Skære

(irritée). — Ainsi il t’a persuadée !

Les Dames (joignant les mains). — Non, — quel rusé !

Falk

. — Mais souvenez-vous de ses aspirations — !

Mlle Skære

. — Mon Dieu, cela est bon quand rien

ne vous lie ; mais un fiancé ne suit que sa fiancée. — Non, douce Anna, penses-y à temps ; tu es née dans la capitale —

Falk

. — Il est pourtant doux de souffrir pour l’idée !

Mlle Skære

— Souffrira-t-on pour l’idée du fiancé ?

On n’est pourtant pas obligée à cela, mon Dieu ! (Aux dames.) Venez toutes ! (Elle prend Anna par le bras.) Attends ; tu vas voir ; — il apprendra ce qu’il a à faire.

(Elles remontent et sortent à droite en conversation animée avec la plupart des dames ; les autres hôtes se répandent en différents groupes dans le jardin. Falk arrête Straamand, dont la femme et les enfants restent constamment près de lui. Guldstad marche de long en large pendant la conversation suivante.)

Falk

. — Monsieur le pasteur, aidez le jeune champion

de la foi, avant qu’ils ne tournent contre lui la résolution de Mlle Anna.

Straamand (d’un ton de prêche). — Oui, la femme doit se conformer à l’homme ; — — (réfléchissant) mais si je l’ai bien compris à dîner, sa charge [1] repose sur une base incertaine, et l’offrande qui serait apportée est assez douteuse —

Falk

. — Oh non, Monsieur le pasteur, n

  1. Tout le dialogue qui suit repose sur un double jeu de mots : Kald signifie vocation dans la bouche de Falk et charge (ecclésiastique) quand il est prononcé par Straamand ; de même Offer signifie sacrifice pour le premier, et pour le second il signifie offrande (supplément de traitement apporté librement par les fidèles).