Page:Mercure de France - 1896 - tome 18.djvu/74

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Falk

(avec un sourire). — je crie, comme Montanus [1] :

la terre est plate, messieurs ; — les yeux m’abusaient ; plate comme une galette ; — êtes-vous contents !

(Il sort rapidement vers la droite.)

Mlle Skæere. — Un refus !

Les tantes. — Un refus ?

Mme Halm

. — Chut, taisons cela !

(Elle remonte vers Svanhild.)

Mme Straamand (au prêtre). — Pense, un refus !

Straamand. — Mais est-ce possible !

Mlle Skære

. — Oui !

Les dames (de bouche en bouche). — Un refus ! Un refus ! Un refus ! (Elles se réunissent en troupeau plus loin dans le jardin.)

Styver

(comme pétrifié). — Quoi ? A-t-il fait demande ?

Straamand. — Oui, pense, toi ! Il riait de nous, ha, ha —

(Ils se regardent sans plus parler.)
Anna

(à Lind). — Ah, c’est bien cela ! Ouf, qu’il était

vilain !

Lind

(l’embrasse et la baise). — Hurra, maintenant tu

es tout à fait à moi !

(Ils remontent dans le jardin.)
Guldstad

(regarde en arrière du côté de Svanhild). —

Il y a encore quelque chose de brisé dans cette âme ; mais, ce qui vit encore, je veux le guérir.

Straamand (retrouve la parole et embrasse Styver). — Maintenant tu peux avec confiance rester fiancé avec ta chère Mlle Skære !

Styver

. — Et tu peux voir avec joie ta famille augmenter

chaque année de jeunes Straamand !

Straamand (se frotte les mains déplaisir et regarde du côté de Falk). — C’était bien fait pour lui, l’insolent coquin ; — ainsi ce sera, pour ces habiles prophètes !

(Ils remontent en causant, tandis que Mme Halm s’approche avec Svanhild)

Mme Halm

(à voix basse et empressée). — Et rien ne te

lie ?

Svanhild

. — Non, rien ne me lie.

Mme Halm

. — Bien ; tu connais alors le devoir d’une

fille.

  1. Principal personnage de « Erasmus Montanus », comédie de L. Holberg (1724) qui est obligé de reconnaître que la terre n’est pas, ronde, pour pouvoir épouser sa fiancée.