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MAI 1898

Et comme l’énergumène à barbe blanche achevait dans un cri grave et une obscène contorsion la phrase coprolalique, de notre as, abordé sous la stèle du corps puérile et potelé, nous discernâmes choir l’armure de carton émaillé ou de pâte de guignol et fleurir la barbe sordide du nain sixtin de quarante-cinq ans.

De son trône parfumé de harpes, le seigneur de l’île se glorifiait que sa création fut bonne, et nous entendîmes vers notre éloignement cette mélodie :

« Heureux le sage qui sur la colline où il habite, se plaît à entendre le son des cymbales ; seul dans son lit, en s’éveillant, il demeure en repos, et jure que jamais il ne révélera au vulgaire le motif de sa joie ! »

XVI

DES TÉNÈBRES HERMÉTIQUES, ET DU ROI QUI
ATTENDAIT LA MORT.

À Rachilde.

Ayant passé le fleuve Océan, qui est fort analogue, pour la stabilité de sa surface, à une vaste rue ou boulevard, nous arrivîmes au pays des Cimmériens et des Ténèbres hermétiques, qui en diffère comme peuvent différer deux plans non liquides, par la grandeur et la division. L’endroit où se couche le solei a la figure, entre les replis inclus au mésentère de la Ville, de l’appendice vermiculaire d’un cæcum. Il foisonne d’impasses et culs-de-sacs, dont quelques se dilatent en cavernes. C’est dans l’une que l’astre quotidien s’arrondit. Pour la première fois je compris qu’il était possible d’atteindre le dessous de l’horizon sensible et de voir le soleil de si près.

Il y a un crapaud monstrueux dont la bouche