Page:Mercure de France - 1899 - Tome 29.djvu/93

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différence d’aspect suggérait une différence d’usage et il me vint l’envie de pousser jusque-là mon exploration. Mais la journée était avancée ; j’étais arrivé en vue de cet endroit après un long et fatigant circuit ; aussi, décidai-je de réserver l’aventure pour le jour suivant et je retournai vers les caresses de bienvenue de la petite Weena. Le lendemain matin, je m’aperçus, d’une façon suffisamment claire, que ma curiosité au sujet du Palais de Porcelaine Verte n’était qu’un acte d’auto-tromperie, qui me donnait un prétexte pour éluder, un jour de plus, l’expérience que je redoutais. Je résolus donc de tenter la descente sans perdre plus de temps, et me mis de bonne heure en route vers le puits situé auprès des ruines de granit et d’aluminium.

« La petite Weena m’accompagna en courant et en dansant autour de moi jusqu’au puits, mais, quand elle me vit me pencher au-dessus de l’orifice, elle parut étrangement déconcertée. « Au revoir, petite Weena », dis-je en l’embrassant ; puis la reposant à terre, je cherchai, en tâtonnant par-dessus la margelle, les échelons de descente ; avec hâte plutôt, — je ferais aussi bien de le confesser, — car je craignais de voir faillir mon courage. D’abord, elle me considéra avec étonnement. Puis elle poussa un cri pitoyable et, se précipitant sur moi, chercha à me retenir de tout l’effort de ses petites mains. Je crois que son opposition m’excita plutôt à continuer. Je la repoussai, peut-être un peu durement, et en un instant j’étais dans la gueule même du puits. J’eus alors à donner toute mon attention aux échelons peu solides auxquels je me retenais.