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mercvre de france—xii-1899

lancé de la planète Mars, se mettait cette nuit-là en route vers nous. Je me rappelle m’être assis sur la table, avec des taches vertes et cramoisies dansant devant mes yeux. Je souhaitais un peu de lumière, pour fumer avec plus de tranquillité, soupçonnant peu la signification de la lueur que j’avais vue pendant une minute et tout ce qu’elle amènerait bientôt pour moi. Ogilvy resta en observations jusqu’à une heure, puis il cessa ; nous prîmes la lanterne pour retourner chez lui. Au-dessous de nous, dans les ténèbres, étaient les maisons d’Ottershaw et de Chertsey, dans lesquelles des centaines de gens dormaient en paix.

Toute la nuit, il spécula longuement sur les conditions de la planète Mars, et railla l’idée vulgaire d’après laquelle elle aurait des habitants qui nous feraient des signaux. Son explication était que des météorolithes tombaient en pluie abondante sur la planète, ou qu’une immense explosion volcanique se produisait. Il m’indiquait combien il était peu vraisemblable que l’évolution organique ait pris la même direction dans les deux planètes adjacentes.

— Les chances contre quelque chose d’approchant de l’humanité sur la planète Mars sont un million pour une, dit-il.

Des centaines d’observateurs virent la flamme cette nuit-là, et la nuit d’après, vers minuit, et de nouveau encore la nuit d’après et ainsi de suite pendant dix nuits, une flamme chaque nuit. Pourquoi les explosions cessèrent après la dixième, personne sur Terre n’a jamais tenté de l’expliquer. Peut-être les gaz dégagés causèrent-ils de graves incommodités aux Marsiens. D’épais nuages de fumée ou de poussière, visibles de la Terre, à travers de puissants télescopes, comme de petites