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la guerre des mondes

terrestre n’avait aucune signification pour la plupart des spectateurs.

Il fut à ce moment absolument clair dans mon esprit que la Chose était venue de la planète Mars ; mais je jugeais improbable qu’elle contînt une créature vivante quelconque. Je pensais que le dévissage était automatique. Malgré Ogilvy, je croyais à des habitants dans Mars. Mon esprit vagabonda à sa fantaisie autour des possibilités d’un manuscrit enfermé à l’intérieur et des difficultés que soulèverait sa traduction, ou bien de monnaies, de modèles ou de représentations diverses qu’il contiendrait et ainsi de suite. Cependant l’objet était un peu trop gros pour que cette idée pût me rassurer. J’étais impatient de le voir ouvert. Vers onze heures, comme rien ne paraissait se produire, je m’en retournai, plein de ces préoccupations, chez moi, à Maybury. Mais j’éprouvai de la difficulté à me remettre à l’œuvre sur mes investigations abstraites.

Dans l’après-midi, l’aspect de la lande avait grandement changé. Les premières éditions des journaux du soir avaient étonné Londres avec d’énormes manchettes : Un message venu de MarsSurprenante nouvelle — et bien d’autres. De plus, le télégramme d’Ogilvy au bureau central météorologique avait bouleversé tous les observatoires du Royaume-Uni.

Il y avait sur la route, près des carrières de sable, une demi-douzaine au moins de voitures de louage de la station de Woking, un cabriolet venu de Chobham et un landau majestueux. Non loin, se trouvaient d’innombrables bicyclettes. De plus, un grand nombre de gens, en dépit de la chaleur, étaient venus à pied de Woking et de Chertsey, de sorte qu’il