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la guerre des mondes

qui me donnait l’avantage d’un mètre ou deux d’élévation, et quand je cherchai des yeux mon compagnon, je l’aperçus qui retournait à Woking.

Le couchant devint crépuscule avant que rien d’autre ne se fût produit. La foule au loin, sur la gauche, vers Woking, semblait s’accroître et j’entendais maintenant un faible murmure qui venait d’elle. La petite bande de gens vers Chobham se dispersa. Il ne venait du trou aucun indice de mouvement.

Ce fut cette circonstance, plus qu’autre chose, qui rendit aux gens du courage, et je suppose que de nouvelles arrivées de Woking contribuèrent aussi à relever la confiance. En tous les cas, comme l’ombre tombait, un mouvement lent et intermittent commença sur la lande, un mouvement qui semblait accroître sa force à mesure que la tranquillité du soir restait ininterrompue autour du cylindre. De verticales formes noires, par deux ou trois, s’avançaient, s’arrêtaient, observaient, avançaient de nouveau, s’étendant de cette façon en un mince croissant irrégulier, qui semblait vouloir enclore le trou entre ses pointes rapprochées ; de mon côté, je commençai aussi à me diriger vers le trou.

Alors j’aperçus quelques cochers et autres conducteurs d’attelage qui venaient hardiment à travers les carrières ; et j’entendis le bruit des sabots et le grincement des roues. Je vis un gamin emmener la brouette de provisions. Puis, à moins de trente mètres du trou, venant du côté de Horsell, je remarquai une petite troupe d’hommes et celui qui marchait en tête agitait un drapeau blanc.

C’était la députation. Il y avait eu une consultation hâtive, et puisque les Marsiens étaient, en dépit de leurs formes répulsives, des créatures intelli-