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mercvre de france—xii-1899

gentes, on avait résolu de leur montrer, en s’approchant d’eux avec des signaux, que nous aussi nous étions intelligents.

Le drapeau battait au vent, à droite et à gauche. J’étais trop loin pour reconnaître personne, mais j’appris par la suite qu’Ogilvy, Stent et Henderson avaient tenté avec d’autres cet essai de communication. Ce petit groupe avait, dans sa marche, rétréci pour ainsi dire la circonférence maintenant à peu près ininterrompue de gens, et un certain nombre de vagues formes noires le suivaient à une distance discrète.

Tout à coup il y eut un soudain jet de lumière, et une fumée grisâtre et lumineuse sortit du trou en trois bouffées distinctes, qui, l’une après l’autre, montèrent se perdre dans l’air tranquille.

Cette fumée, il serait peut-être plus exact de dire cette flamme, était si brillante que le ciel, d’un bleu profond au-dessus de nos têtes, et que la lande, sombre et brumeuse avec ses bouquets de pins du côté de Chertsey, parurent s’obscurcir brusquement quand ces bouffées s’élevèrent, et rester plus sombres après leur disparition. Au même moment, une sorte de bruit comme un sifflement devint perceptible.

De l’autre côté du trou se trouvait la petite troupe de gens avec le drapeau blanc, arrêtés par le phénomène, poignée de petites formes verticales et sombres sur le sol noirâtre. Quand la fumée verte monta, leurs faces resplendirent d’un vert pâle et s’effacèrent à nouveau quand elle s’évanouit.

Alors lentement le sifflement devint un bourdonnement, un interminable bruit retentissant et monotone. Lentement, un objet de forme bossue