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la guerre des mondes

le reste du monde, le cours de la vie s’écoulait encore, comme depuis d’immémoriales années. La fièvre de lutte, qui bientôt allait venir obstruer les veines et les artères, user les nerfs et détruire les cerveaux, ne se développait pas encore.

Tout au long de la nuit les Marsiens s’agitèrent et martelèrent, infatigables et sans sommeil, à l’œuvre après les machines qu’ils apprêtaient, et de temps en temps une bouffée de fumée grisâtre tourbillonnait vers le ciel étoilé.

Vers onze heures une compagnie d’infanterie traversa Horsell et se déploya en cordon à la lisière de la lande. Plus tard une seconde compagnie vint par Chobham se déployer sur le côté nord de la lande. Plusieurs officiers des baraquements voisins étaient venus dans la journée examiner les lieux et l’un d’entre eux, disait-on, le major Eden, manquait. Le colonel du régiment s’avança jusqu’au pont de Chobham vers minuit et questionna minutieusement la foule. Les autorités militaires se rendaient certainement compte du sérieux de l’affaire. À la même heure, ainsi que l’indiquèrent les journaux du lendemain, un escadron de hussards, deux canons Maxim et environ quatre cents hommes du régiment de Cardigan quittaient le camp d’Aldershot.

Quelques secondes après minuit, la foule qui encombrait la route de Chertsey à Woking vit une étoile tomber du ciel dans un bois de sapins vers le nord-ouest. Elle était accompagnée d’une lumière verdâtre et des lueurs soudaines comme les éclairs des nuits d’été. C’était un second cylindre.



ix

LA LUTTE COMMENCE


La journée du samedi vit dans ma mémoire com-