rien ; les officiers étaient aussi mystérieux que préoccupés. Je trouvai les gens de la ville en pleine sécurité à cause de la présence des forces militaires et j’appris alors, de la bouche même de Marshall, le marchand de tabac, que son fils était parmi les morts, sur la lande. Les soldats avaient obligé les habitants, sur la lisière de Horsell, à fermer et à quitter leurs maisons.
Je revins chez moi, pour déjeuner, vers deux heures, très fatigué, car, ainsi que je l’ai dit, la journée était extrêmement chaude et lourde, et afin de me rafraîchir je pris un bain froid. Vers quatre heures et demie, je retournai à la gare chercher les journaux du soir, car ceux du matin ne donnaient qu’un récit très inexact de la mort de Stent, d’Henderson, d’Ogilvy et des autres. Mais ils ne renfermaient rien que je ne connusse déjà. Les Marsiens ne laissaient rien voir d’eux-mêmes. Ils semblaient très affairés dans leur trou, d’où sortaient continuellement un bruit de marteaux et une longue traînée de fumée. Apparemment ils activaient leurs préparatifs pour la lutte.
De nouvelles tentatives pour communiquer avec eux ont été faites sans succès — tel était le titre que reproduisaient tous les journaux. Un sapeur me dit que ces tentatives étaient faites par un homme qui d’un fossé agitait un drapeau au bout d’une perche. Les Marsiens faisaient autant attention à ces avances que nous le ferions aux mugissements d’un bœuf.
Je dois avouer que la vue de tout cet armement, de tous ces préparatifs, m’excitait grandement. Mon imagination devint belligérante et infligea aux envahisseurs des défaites remarquables ; les rêves de batailles et d’héroïsme de mon enfance me revinrent.