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mercvre de france—xii-1899

À ce moment même, il me semblait que la lutte allait être inégale, tant les Marsiens me paraissaient impuissants dans leur trou.

Vers trois heures, on entendit des coups de canon, à intervalles réguliers, dans la direction de Chertsey ou d’Addlestone. J’appris que le bois de pins incendié, dans lequel était tombé le second cylindre, était canonné dans l’espoir de détruire l’objet avant qu’il ne s’ouvrît. Ce ne fut pas avant cinq heures, cependant, qu’une pièce de campagne arriva à Chobham pour être braquée sur les premiers Marsiens.

Vers six heures du soir, je prenais le thé avec ma femme dans la vérandah, causant avec chaleur de la bataille qui nous menaçait, lorsque j’entendis, venant de la lande, le bruit assourdi d’une détonation, et immédiatement une rafale d’explosions. Aussitôt suivit, tout près de nous, un violent et retentissant fracas qui fit trembler le sol ; et, me précipitant au-dehors sur la pelouse, je vis les cimes des arbres, autour du Collège Oriental, enveloppées de flammes rougeâtres et de fumée, et le clocher de la chapelle s’écrouler. La tourelle de la mosquée avait disparu et le toit du collège lui-même semblait avoir subi les effets de la chute d’un obus de cent tonnes. Une de nos cheminées craqua comme si elle avait été frappée par un boulet ; elle vola en éclats et les fragments dégringolèrent le long des tuiles pour venir s’entasser sur le massif de fleurs, près de la fenêtre de mon cabinet de travail.

Ma femme et moi restâmes stupéfaits. Je me rendis compte alors que la crête de la colline de Maybury était à portée du Rayon Ardent des Marsiens, maintenant que le collège avait été