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mercvre de france—xii-1899

rière sa maison. Un homme qui me tournait le dos lui parlait.

— Ce sera une livre, disait l’hôtelier, et je n’ai personne pour vous le mener.

— J’en donne deux livres, dis-je par-dessus l’épaule de l’homme.

— Quoi ?…

— … Et je vous le ramène avant minuit, achevai-je.

— Mais diable, dit l’hôtelier, qu’est-ce qui presse ? Je suis en train de vendre un quartier de porc. Deux livres et vous me le rapportez ? Qu’est-ce qui se passe donc ?

Je lui expliquai rapidement que je devais partir immédiatement de chez moi et je m’assurai ainsi la location du dogcart. À ce moment, il ne me sembla pas le moins du monde urgent pour l’hôtelier qu’il quittât son hôtel. Je m’arrangeai pour avoir la voiture sur-le-champ, la conduisis à la main le long de la route, puis la laissant à la garde de ma femme et de ma servante, me précipitai dans la maison et empaquetai divers objets de valeur, argenterie et autres. Les hêtres du jardin brûlaient pendant ce temps, et des palissades du bord de la route s’élevaient des flammes rouges. Tandis que j’étais ainsi occupé, l’un des hussards à pied arriva. Il courait de maison en maison, avertissant les gens du danger et les invitant à sortir. Il passait justement comme je sortais, traînant mes trésors enveloppés dans une nappe. Je lui criai :

— Quelles nouvelles ?

Il se retourna, les yeux effarés, brailla quelque chose comme sortis du trou dans une chose pareille à un couvercle de plat, et se dirigea en courant vers la porte de la maison située au sommet