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Page:Mercure de France - 1899 - Tome 32.djvu/630

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la guerre des mondes

et luisants — l’un d’entre eux tenait un jeune sapin — se balançant bruyamment autour de ce corps étrange. Elle choisissait ses pas en avançant et l’espèce de chapeau d’airain qui la surmontait se mouvait en tous sens avec l’inévitable suggestion d’une tête regardant tout autour d’elle. Derrière la masse principale se trouvait une énorme chose de métal blanchâtre, semblable à un gigantesque panier de pêcheur, et je vis des bouffées de fumée s’échapper des interstices de ses membres quand le monstre passa près de moi. En quelques pas, il était déjà loin.

C’est tout ce que j’en vis alors, très vaguement, dans l’éblouissement des éclairs, pendant les intervalles consécutifs de lumière intense et d’épaisses ténèbres.

Quand il passa près de moi, le monstre poussa une sorte de hurlement violent et assourdissant qui s’entendit par-dessus le tonnerre : Alouh ! Alouh ! — au même instant, il rejoignait déjà son compagnon, à un demi-mille de là, et ils se penchaient maintenant au-dessus de quelque chose dans un champ. Je ne doute pas que l’objet de leur attention n’ait été le troisième des dix cylindres qu’ils nous avaient envoyés de leur planète.

Pendant quelques minutes, je restai là dans les ténèbres et sous la pluie, épiant, aux lueurs intermittentes des éclairs, ces monstrueux êtres de métal, se mouvant dans la distance, par-dessus les haies. Une fine grêle commença de tomber, et, suivant qu’elle était plus ou moins épaisse, leurs formes s’embrumaient ou redevenaient claires. De temps en temps les éclairs cessaient et l’obscurité les engloutissait.

Je fus bientôt trempé par la grêle qui fondait et par l’eau bourbeuse. Il se passa quelque temps avant