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MERCVURE DE FRANCE—XII-1904

partient à la dynastie de Jayajn. Comme ce peuple était attaché aux huit Mâyâsurtas (livres religieux) et à la Loi qui y est développée, Padmasambhava, après un long séjour dans le pays, « tourna la roue » (expression de la phraséologie bouddhique qui signifie prêcher) de la Loi du Vajranyânamalatantramâyâjala. Il eut un grand succès et gagna un nombre immense de convertis à la religion. »

De là, le missionnaire se rend dans le pays de Prabatadvîpa : « Le peuple y mangeait de la viande et préférait le gibier à toute autre nourriture… Yama (dieu des enfers) y était tout puissant… Les habitants suivaient la Loi du Manjuçri noir, Padmasambhava leur « tourna la roue » de Manjuçri… »

« Puis il alla dans le pays de Mâgapotaddipa… Le pays possède des forêts fournissant des fleurs en abondance ; on y récolte aussi une énorme quantité de lotus. La population s’en sert comme aliment. Elle révère Padmapâni (Avalokiteçvara)… Padmasambhava lui « tourna la roue » d’Avalokiteçvara… »

Il est inutile de prolonger cette citation. Elle suffit à démontrer ce que j’avançais plus haut : que le célèbre docteur présentant sa doctrine sous le patronage de la divinité la plus honorée dans la contrée où il se trouvait mêlant les pratiques bouddhiques à celles des religions nationales, instituait, en réalité, autant de Bouddhismes différents qu’il rencontrait de cultes divers.

Témoin des obstacles que les « démons » ne cessaient de susciter à la propagation du Bouddhisme, un des disciples de Padmasambhava, Çanta-rakshita, qui vivait à la Cour thibétaine, engagea le roi Krisron-lde-Btsan à demander le secours de son illustre maître. L’apôtre, sur le désir exprimé par le souverain, se rendit au Thibet, y vainquit les démons locaux et assura la prédominance des doctrines bouddhiques.

D’après ce que nous savons des procédés habituels de Padmasambhava nous pouvons imaginer que sa victoire fut, surtout, faite des concessions accordées au « dé-