Aller au contenu

Page:Meredith - L’Égoïste, 1904.djvu/33

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
20
L’ÉGOÏSTE

leurs mains, en même temps qu’ils éructent un panégyrique, sur la caboche bouclée de jeunes gamins, ceux-ci se rengorgeant aussitôt paraissent plus vieux. Willoughby paraissait plus vieux qu’il n’était, non par manque de fraîcheur, mais par sentiment de son devoir de s’ériger éminent et empesé.

Entendant le mot de Mrs Mounstuart, il sourit et dit : « Elle est à son service. »

La phrase fut répétée à la dame, qui proposa d’attacher une bande de soie dédicatoire. Et puis ils se rencontrèrent et dans l’atmosphère électrique de la salle de bal, durant leur marche vers un buffet magique, ce fut assaut d’esprit.

— Si, disait-elle, j’avais vingt ans de moins, je voudrais me marier avec vous, pour me guérir de ma fatuité.

— Et je ferais tout pour obtenir un nouveau bail, répliquait-il, excepté de consentir au divorce.

Ils furent infiniment plus spirituels encore, mais le reste se perdit dans le brouhaha.

— Ceci rend l’affaire de lui trouver une femme, bigrement difficile ! observa Mrs Mountstuart après avoir écouté les louanges qu’elle avait fait renaître, et allant rejoindre dans le salon indien de Lady Patterne, les dames qui, enfin débarrassées de nous, pouvaient converser sans contrainte sur leurs thèmes éthérés.

— Willoughby trouvera lui-même sa femme, dit sa mère.