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Page:Meredith - Les Comédiens tragiques, 1926.djvu/83

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LES COMÉDIENS TRAGIQUES

VI

C’était dans un vaste hôtel alpestre, sur une de ces cimes où la mort de l’hiver fait place, aux approches de l’été, à une vie fiévreuse et bavarde. Assis dans sa chambre, à sa table de travail, Alvan abattait sa vigoureuse besogne de gladiateur politique, quand un jeune Suisse vint lui annoncer avec un ricanement tout rond qu’une dame à cheval le demandait en bas. Qui pouvait être cette dame ? Il évoqua divers noms, sans que sortît pour lui des brumes la pensée de Clotilde. Quand il la reconnut, à la porte de l’hôtel, son visage s’illumina, comme sous l’effet d’un rayon de soleil.

— Clotilde ! Au nom du ciel !

Elle eut un grave sourire, et ils échangèrent un salut.

Ravie de la joie intense qui transperçait sous la surprise d’Alvan, Clotilde lui sut gré de se montrer si beau devant ses amis.

— J’étais en train d’écrire, expliqua-t-il. Devinez à qui ? Je venais d’achever mon fatras politique et je commençais une lettre pour charger le professeur de me ménager une entrevue immédiate avec votre père.