Page:Merlant - Bibliographie des œuvres de Senancour, 1905.djvu/40

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(ici, à la netteté de la formule, l’influence de Sainte-Beuve est sensible, comme celle de toute la génération romantique. Dans un fragment manuscrit d’août 1835, citant quelques lignes de Sainte-Beuve sur l’âme « dont toutes les forces ont été une fois brisées, et qui a senti le fond de la vie », Sénancour l’appelle « un de ces rares écrivains dont le style aussi attachant qu’original se ressent avec tant de bonheur de la vérité de leurs impressions » ) ; ce qui est séduisant et redoutable. C’est un pas assez bizarre que fait notre race, dont il faut que le travail soit diversement pénible, et elle rencontrera d’autres obstacles dans la carrière inquiète où elle se vante de semer des. enjolivements. Après cela, le sol terrestre cessera de lui convenir, elle en sera expulsée, elle passera à d’autres épreuves. » (Au verso, des stances, en style rococo, sur la violette).

Toute cette 19e Méditation (sur la paix intérieure) est très retouchée ; c’est un ouvrage de direction, que Sénancour veut rendre aussi pressant que possible ; il n’a pas l’art insinuant d’un psychologue comme Sainte-Beuve, qui multiplierait les aspects de la question jusqu’à rencontrer le point faible et abordable de chaque esprit ; il répète sous toutes les formes : prenez garde.

Dans la 20e (Avantages temporels des justes), beaucoup d’additions et de retouches.

Où Sénancour écrit en 1830-34 : « Que la sincérité de nos vœux, et la pureté de notre conduite, nous rendent dignes d’être reçus parmi les adeptes appelés graduellement à la participation du mystère sans bornes », il substitue : « Si ce qui, en nous, est le plus nous-mêmes, s’attache constamment à recevoir de purs rayons du vrai, l’empreinte devient profonde, et c’est pour l’avenir le signe de vie peut-être. »

Ajouté en 1836 au dernier paragraphe : « Si d’impatients désirs vous entraînent dès à présent à la recherche de ce qui est, de ce qui sera demain, ne vous livrez pas à ces songes avec crédulité. De tout temps on a dû à cette faiblesse les dogmes bizarres ou le îaUga\v\, Netbmge des diverses doctrines surnaturelles… Nous, libres adorateurs de la vérité, nous disons que le partage de l’homme raisonnable est de ne pas la méconnaître et de ne pas l’expliquer. Respectons le silence et le voile des splendeurs célestes. »

23e. Addition au commencement (cette Méditation traite « de quelques effets de l’éducation » ).