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L’IDOLE

à René Ghil.

Roide en la chape d’or qui lui moule le torse,
L’Idole dont les doigts coruscants de rubis
S’incrustent sur le sceptre et le globe de force
Trône en les bleus halos de tonnerres subits

Sur sa rouge toison s’étage la tiare,
Entre ses seins fulgure un stigmate d’enfer,
Et sous ses pieds, tandis que sonne la cithare,
Saigne un cœur transpercé de sept glaives de fer.

Aucun amour n’émeut la somnolente Idole.
Elle siège en la pose éternelle des dieux
Et dur, son regard fuit la multitude folle
Dont l’unique désir est de plaire à ses yeux.