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Page:Merrill - Les Quatre saisons, 1900.djvu/127

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Que les travaux alternés des saisons n’abattent pas,
La chanson déjà tue aux champs et aux préaux,
Et celles du logis avec toutes ses fenêtres
Où à la chandelle, assis autour du maître,
Les valets et les servantes aux joues rougies par l’âtre
Écoutent, pendant les longues veillées, le pâtre
Qui sait toutes les histoires tristes de la contrée,
Et celles, enfin, silencieuses, de mon cœur
Où rentrent une à une, comme pour l’éternité,
Telles des vierges folles qui chantèrent tout l’été,
Mes espérances pour y effeuiller leurs fleurs
Dans la solitude et dans l’obscurité,
Ah ! celles, enfin, silencieuses de mon cœur !

La saison est celle de l’attente de la mort
Où l’âme blottie au fond de la maison close
Rêve désespérément aux êtres et aux choses :
À la trace que laisseront les pas furtifs du Sort
Dans la neige épandue aux sentes du cimetière,
À l’abandon mélancolique de la terre
Qui se meurt comme une amante trop vieille qu’on délaisse,
À l’extrême douleur où le cruel hiver abaisse
Les pauvres qui meurent de faim aux portes ouvertes hier.