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Page:Merrill - Les Quatre saisons, 1900.djvu/129

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Mais songe : une part du grain est portée au moulin
Et l’autre est confiée au rêve de la terre.
Ne vois-tu pas, poète, mûrir sur les coteaux
Azurés de bluets et rouges de coquelicots
Les blés que ne ravageront plus les galops de la guerre ?
Et n’entends-tu pas, chanson douce et altière,
Le bon pain cuire dans la chaleur des fours
Pour la force de tous et le futur amour ?

Ouvre les portes de l’écurie !

Tremble ! Car parmi tous ces pauvres chevaux
Qui hennissent si tristement sous ton geste caressant
Comme s’ils sentaient déjà ton fouet sur leur garrot,
Veille peut-être, les naseaux palpitant de sang
Et les deux ailes et les quatre ailerons frémissant
Pour la tumultueuse révolte de l’essor,
Pégase dont les yeux, miroirs des rouges aurores,
Suivent au ciel un songe de bienheureux désastres,
Et dont les sabots, en un quadruple éclair d’or,
Éparpilleront vers Dieu la poussière des astres.

Ouvre les portes de l’étable !