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Page:Merrill - Les Quatre saisons, 1900.djvu/135

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lui

Le secret que tu devines, sans toi-même tout savoir,
Est celui de l’Amour qui allume aux cieux sa torche
Pour enflammer, aveugle, nos maisons noires
Dont soudain, rouges de feu, s’ouvrent large les porches.

elle

Je sais tout, je sais tout, maintenant que tu m’as parlé !
Tu n’es plus pour moi un homme qu’au hasard de la vie
J’ai rencontré pleurant et saignant, et que j’ai consolé.
Tu es l’Homme qui vers le rêve de Dieu m’a ravie !

lui

Tu n’es plus une femme qui as essuyé mes larmes
Une nuit toute sonore du choc soudain des armes.
Tu es la Femme, sans les douces prières de laquelle
Tout effort me serait vain, et toute chute mortelle.

elle

Aussi, aimons-nous dans l’apparence de nos corps !
Tu mourras, et je pleurerai comme une folle sur ta tombe.
Mais je me relèverai pour l’œuvre de l’aurore,
Que les rosiers soient en fleur ou que la neige tombe !