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Page:Merrill - Les Quatre saisons, 1900.djvu/148

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(On aurait dit les Parques qui filaient,
Rousses contre le soleil de la moisson) :

Siffle la faux, saignent les fleurs,
Voici le soir de la grand’lune ;
Vienne la nuit, pleurent mes sœurs,
Les fleurs ont chu l’une après l’une.

Nous nous arrêtâmes sans comprendre,
Muets comme des enfants du soir
À qui l’on raconte une histoire.
Les nuages étaient roses de cendres
Et les peupliers lourds de murmures.
Tu penchas le front, et soudain
Je t’entendis sangloter dans tes mains,
Cependant que, graves sous leurs chevelures,
Les trois femmes aux yeux pleins de passé
Reprenaient le cours de leur chanson
(On aurait dit les Parques qui filaient,
Rouges contre le soleil de la moisson) :

Tourne le rouet, dorment les vieux,
C’est un linceul qu’on tisse en l’ombre :