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Page:Merrill - Les Quatre saisons, 1900.djvu/156

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Fermons donc les yeux et donnons-nous la main
Comme des enfants qui ne veulent pas avoir peur,
Et marchons malgré tout vers l’aube de demain
En chantant ce que les aïeux nous dirent du bonheur.

Quoique aveugles, nous ne craindrons pas l’embûche des venelles,
La souillure de la boue ni la traîtrise des roses,
Car les anges nous guideront de la musique de leurs ailes
Légère comme le souffle d’une légende mi-éclose.

Et quand nous rouvrirons les yeux et délacerons nos mains,
Ce sera pour le réveil dans un pays de fontaines
Où nous boirons l’oubli d’hier et l’espoir de demain,
En y mirant nos corps que nous reconnaîtrons à peine.

Car nos yeux seront pleins de la charité des astres,
Et nos lèvres à jamais pures des mauvais baisers,
Et nos mains innocentes des anciens désastres,
Et nos pieds ignorants des périlleux sentiers.