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Page:Merrill - Les Quatre saisons, 1900.djvu/166

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Et voici qu’en pleurant je prie à basse voix,
Comme les enfants qui viennent, les jours de pardon,
Joindre leurs petites mains au pied des crucifix
Dressés, signes d’espoir, sur le chemin qu’on fuit.


Car mon âme est triste, ce soir, comme celle des choses.


J’ai perdu le souvenir des rubans et des roses
Dont les belles filles ornèrent à la fête mon habit,
Et je laisse errer mes rêves, comme de tristes brebis,
Par les petits chemins creux où tintent les lourdes gouttes.
Je ne sais plus le chant qui fait courte la route,
Ni le geste qui évoque le vol des bons esprits.


Entendrai-je, ce soir, la vielle du vieux mendiant
Qui joue a l’auberge, pour qu’y dansent les amants,
La tête un peu penchée, les pieds sur les landiers,
Les airs gais du pays et ceux de mon enfance ?