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Page:Merrill - Les Quatre saisons, 1900.djvu/167

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L’ombre se fait plus lourde dans la pluie, et les halliers
Sont pleins de silence, et je marche avec méfiance
Comme si un assassin, les yeux et les mains rouges,
Attendait mon passage parmi les feuilles qui bougent.


Un peu plus d’ombre encore s’appesantit sur moi
Et la route est perdue.

Et la route est perdue. Ah ! le village et son auberge,
Et la rue entre les murs gris, et la fumée des toits,
Et la petite église où l’on allume les cierges,
Et la maison de mon amie qui travaille sous la lampe,
Attendant mon retour pour servir le repas
Avant les bons baisers dans le parfum des draps !


La peur, à coups de fièvre, bat soudain à mes tempes,
Et je serre d’un poing crispé la crosse de mon bâton,
Car j’ai senti sur moi l’haleine froide des démons
Qui cherchent à s’accroupir sur mon âme et ma chair.
Ils chuchotent quelque chose que je ne comprends pas,
Leurs griffes invisibles s’accrochent à mes pas,
La brume ou ils remuent rampe au ras de la terre,