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Page:Merrill - Les Quatre saisons, 1900.djvu/168

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Et l’on dirait que l’ombre est grosse, comme l’enfer,
De la présence, molle au toucher, de mille bêtes
Aux ongles sans pattes, aux langues sans gueule, aux yeux sans tête,
Larves qui grouillent autour de moi pour me ravir à Dieu,
Sous les ténèbres de ces cieux et dans la solitude de ces lieux
Où tout mon être, en flamme et en sang, crie déroute
Loin du cher village, loin de la bonne route !

Une cloche tinte !

Une cloche tinte ! Ah ! Dieu, une cloche sonne le glas
Là-bas où doivent fumer les petits toits, là-bas !
Et voici que je sens renaître en moi la foi.
Je sais, je n’ai plus peur, je vais droit devant moi
Vers la vallée où je vois déjà les fenêtres luire,
Et où j’entendrai bientôt, rumeur de la vie, bruire
Le rire des enfants, l’appel des femmes aux hommes
À l’heure où les volets se ferment comme pour un somme,
Le tardif roulement de la dernière charrette,
Le hennissement ou le meuglement des bêtes
Qui attendent, au râtelier, la provende du soir,
La vielle du vieux mendiant, parmi les danses, à l’auberge,