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Page:Merrill - Les Quatre saisons, 1900.djvu/174

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Seul, le vieillard dont on a oublié l’âge,
Et qu’on voit parfois près du puits du village
Marmonnant des mots dont on ne sait plus le sens,
Guette, auprès de son âtre où couve le silence,
Les heures qui choient, lourdes comme est légère la neige,
Du haut de la tour immémoriale de l’église ;
Et lorsqu’aux douze appels de l’horloge le cortège
Des douze apôtres en bois peint, telle une frise,
A passé sous le coq rouge qui agite les ailes,
Le vieillard, endossant sa large houppelande
Et empoignant son bâton, tel un roi de légende,
Ouvre la porte de son logis aux quatre vents du ciel
Et va, comme un souvenir qui s’éveille, vers la lande
Où dorment les semences des futures moissons.

Car il est le seul au village qui se souvienne
De la promesse du soleil et de son saint mystère,
Et qui, pour que le ciel communie avec la terre,
Prie en ce plein hiver pour le destin des graines.

Traînant dans la neige la trace de ses sabots,
Il fait, furtif, des signes de croix sur les maisons