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Page:Merrill - Les Quatre saisons, 1900.djvu/176

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Droit sous la croix, les bras tendus vers les labours,
Le vieillard qui veille sur le sort des moissons
Entonne, dans le désert de neige, l’oraison
Qui fera fructifier le sol aux prochains jours.

Il évoque tour à tour, selon le rythme de l’année,
La saison ensoleillée où les verts brins de blé,
Parmi les cerisiers parés comme pour l’amour,
Percent à peine les mottes que gonfle la bonne pluie,
Et celle, la plus belle, hélas ! si tôt enfuie,
Où les épis, navettes d’or, tissent un voile de fête
Au front des collines mélodieuses d’alouettes,
Puis celle où, sous la lune qui argente les herbes,
Les moissonneurs, ayant lié en chantant toutes les gerbes,
Reviennent au gai village pour danser sur l’aire,
Enfin celle, la sacrée, où du sein des corbeilles
Les graines d’or tombent, brûlantes comme des abeilles,
Sur le sein ensanglanté de notre mère la Terre.

Et maintenant, c’est l’épouvantable hiver
Où les champs sont de glace sous le ciel de fer.