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Page:Merrill - Poèmes, 1887-1897, 1897.djvu/206

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PANIQUE

Tu me disais : « Voici mes seins, voici mes lèvres,
Voici mes mains savantes à toutes caresses,
Voici mes frais cheveux où dormiront tes fièvres,

Voilà le lit jonché de fleurs pour nos tendresses,
Et les lampes en l’alcôve, ou mieux, les ténèbres,
Si la nuit, mon Poète, est douce à tes détresses.

Car je veux être la femme que tu célèbres,
Bien-aimé qui ne m’aimes pas, et je veux être
Celle que tu pleureras sur les seuils funèbres.

Je t’aime ! je t’aime ! je t’aime ! et sois-moi traître,
Qu’importe ? pourvu qu’aux heures qui seront nôtres,
Je puisse à tes genoux te proclamer mon maître.