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Page:Merrill - Une voix dans la foule, 1909.djvu/14

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Oui, les femmes, je les aimai,
Et je fus peut-être aimé d’elles.
Las moi ! les fleurs mortes de mai !
Ô vous, les lèvres infidèles !

J’étais tel un jeune soudard
Qui tient sa main droite crispée
À la hampe de l’étendard
Ou sur le pommeau de l’épée.

Mais voici doucement venir
Sur le pas des lentes années,
Avec la peur de l’avenir,
La vieillesse aux lèvres fanées.

Muets sont les grands clairons d’or
Qui m’annonçaient au crépuscule.
Devant tout ce silence, ô Mort,
Je sens que ma valeur recule.

Ne croyant plus aux lendemains,
Dépossédé de mon royaume,
Je regarde pâlir mes mains
Dont la paix amollit la paume.