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Page:Merrill - Une voix dans la foule, 1909.djvu/15

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Je voudrais me vêtir de blanc
Et dire de saintes paroles
Au frère qui suit en tremblant
La route des fous et des folles.

Mais pourquoi déplorer le sort
De nous tous que la mort dénombre
Et plaindre l’inutile effort
De ceux dont s’effacera l’ombre ?

Je sais par mes deuils et mes pleurs
Que l’aveugle Destin nous mène
Tôt ou tard, par neiges ou fleurs,
Aux portes d’ivoire et d’ébène.

Je reprendrai donc mes chemins
Vers la bataille coutumière,
Sans peur, et levant haut les mains
Hors de l’ombre, vers la lumière.

Je poursuivrai l’œuvre de Dieu
Ici, sur la terre éphémère ;
J’irai, guerrier sans feu ni lieu,
Vers où me leurre la chimère.