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Page:Merrill - Une voix dans la foule, 1909.djvu/166

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Que demandes-tu donc à l’onde,
Miroir d’un fugitif décor
Où, dénouant ta toison blonde,
La brise effeuille tes fleurs d’or ?

Te souviens-tu que ces images
D’oiseaux, de verdure et d’azur,
Se flétriront sous les nuages
Et les frimas d’un temps moins pur ?

Pourtant l’automne est bien lointaine
Qui, voilant de brumes le ciel,
Viendra ternir mare et fontaine
De feuilles jaunes et de gel.

Crains plutôt de voir ton visage
S’évanouir au fond du soir
Et de comprendre le présage
De ton trop magique miroir.

Quitte, ô sœur, ce qui t’ensorcelle,
Rêve inutile du sommeil.
Et loin d’ici redeviens celle
Oui rit aux rayons du soleil.