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Page:Merrill - Une voix dans la foule, 1909.djvu/172

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Le clapotis que fait ta rivière fleurie
Entre ses aunes verts qui lui voilent le jour
Surprend mystérieusement ma rêverie
Comme un sanglot de vierge au moment de l’amour.

Dans la vallée heureuse où, le flûtet aux lèvres,
Le pâtre au grand manteau rayé module un air,
J’entends parmi les prés les brebis et les chèvres
Bêler en remuant leurs sonnailles de fer.

La brise sent le thym, la sauge et la lavande.
L’aubépine est éclose au bord blanc des chemins.
Les cueilleuses de fleurs font une ample provende
Dont restent parfumes leurs bras nus et leurs mains.

Tout est si doux qu’on rêve aux premiers jours du monde.
L’air n’est qu’haleine fraîche et légère chaleur.
L’ombre du plein midi sous les arbres est ronde.
On est loin de la ville et des cris du Malheur.

Je voudrais me jeter à genoux dans les herbes
Et, chantant le soleil qui vainc même la mort,
Te dédier aux dieux, terre des lys en gerbes,
Des roses, des iris et des mimosas d’or !