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Page:Merrill - Une voix dans la foule, 1909.djvu/173

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Donnant et reprenant mon âme à toutes choses,
J’adorerai, sans les cueillir, les fleurs d’amour,
Et ce sera, le soir, par leurs corolles closes
Que je m’apercevrai de la fin d’un beau jour.

Je rentrerai, pensif, à la paisible auberge
Par le sentier brumeux qui suit le bord de l’eau.
Écartant les roseaux, je verrai de la berge
La lune se lever sur l’orme et le bouleau.

Mes mains fleureront bon comme cette contrée,
Mes lèvres rediront ses anciennes chansons.
Je comprendrai la foi qu’il faut avoir, sacrée,
En l’œuvre de la vie et des quatre saisons.

Mon retour sera doux comme le printemps même.
À pas secrets j’irai m’étendre, las et fort,
Auprès du corps béni de la femme que j’aime,
Et je m’endormirai sans conjurer la mort.