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Page:Merrill - Une voix dans la foule, 1909.djvu/190

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Vous me tendrez vos mains vivantes sans gémir ;
Je ne veux pas mourir sans des mains dans les miennes.
Je rêve un soir d’automne où des chansons anciennes
Préluderaient tout bas à l’heure de dormir.

Quand vous me fermerez les yeux au jour du monde,
Je voudrais qu’en la rue, où de l’herbe verdit,
Passassent des amants, ou bien qu’on entendît
Des enfants aux cheveux épars danser la ronde.

Vous m’accompagnerez à mon dernier séjour
Un matin que le ciel sera doux à la terre,
Puis, lents, vous laisserez à sa paix solitaire
Celui qui ne sait plus quand il fait nuit ou jour.

J’écouterai tomber les roses sur les roses,
La saison qui s’en vient sur celle qui s’enfuit,
La neige sur la neige et l’aube sur la nuit.
Quand on est mort, on doit entendre tant de choses,

Même le battement plus lent des cœurs en deuil !
Ah ! revenir un soir à la maison connue
Et troubler d’un baiser celle que j’aurai vue
Seule et se désolant, les yeux lourds, sur son seuil !