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Page:Merrill - Une voix dans la foule, 1909.djvu/194

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Fermente pour l’amour et les fêtes futures ;
Et vous, coiffés de vert, monts qu’entaille un ravin
Par où tout votre sang, l’eau propice aux cultures,
Coule, roulant des rocs ou balançant des fleurs,
Vers la plaine où l’on voit, le soir, fumer les fermes ;
Ô ciel de ce pays, brises, parfums, couleurs,
Me voici qui reviens en la saison des germes
Vous demander, très las de la grande cité,
La leçon du silence et de la solitude.

Terre, ô mère en qui dort toute la vérité,
Toi seule tu nous dis, sans fin ni lassitude,
La leçon de l’effort à travers les saisons,
Depuis le doux printemps où le blé perce à peine
Jusqu’à l’hiver où le pain cuit dans les maisons.
Tu portes tour à tour, sans amour et sans haine,
Ton suaire de neige et ton voile de lys.
Tu confonds en la vie et la mort toutes choses,
Sans crainte pour demain ni regret pour jadis.
Tu caches en ton sein les effets et les causes.
De toi-même tu vis, en toi-même tu meurs,
Et tous tes éléments, l’air, les eaux et la terre,
Cette pluie à l’aurore et ce vent sur les fleurs,
Ne paraissent aux yeux du penseur solitaire