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Page:Merrill - Une voix dans la foule, 1909.djvu/20

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Mais il est le captif des frêles murs de verre
Contre lesquels en vain sa terreur bat des mains.
Ah ! courir sans entrave au hasard des chemins,
N’être plus le dément que le peuple révère !

Sentant derrière lui, sans qu’il puisse le voir,
Le fantôme inconnu qui le mord à la nuque,
Il raidit ses reins las et sa taille caduque
Et glapit des appels du fond du palais noir.

Mais rien n’a répondu du gouffre des ténèbres
Aux cris désespérés de l’effroyable fou,
Sinon qu’un vent furtif, soufflant d’on ne sait où,
Froisse le long des murs les tentures funèbres.

Et voici que le fou, s’arrachant des poignets
Les bracelets gemmés qui tintent sur les dalles,
A foulé sous le fer et l’or de ses sandales
Les joyaux du royaume, inutiles jouets.

Il a déceint son front du trop lourd diadème,
Il a défait la boucle énorme du manteau,
Il a brisé le sceptre et rejeté l’anneau,
Et le voici pressant, nu comme un mort et blême,