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Page:Merrill - Une voix dans la foule, 1909.djvu/21

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Ses flancs sacrés de roi, sa bouche aux baisers froids
Contre le cristal vert et bleu d’une fenêtre
Par laquelle il croit voir la lune disparaître
Et l’aube se lever sur les champs et les bois.

Le peuple viendra-t-il quand sonneront les cloches
Et qu’au vent frémiront les feuilles et les blés,
Délivrer son monarque aux yeux ensorcelés
Qui gratte à chaque vitre en vain de ses mains croches ?

Nul ne le peut savoir. Car de toutes les tours
Les angelus, depuis de si longues années,
Ont cessé de sonner sur ces terres damnées,
Qu’un tel silence semble avoir duré toujours.

Et l’on n’a jamais vu d’habitants dans les villes
Qui dressent au lointain des plaines leurs débris,
Ni parmi les moissons entendu les doux cris
Des oiseaux en amour ou des filles nubiles.

Ce sera pour le fou l’angoisse d’être seul
Même pour trépasser. Ni larmes, ni prières !
Nul ami ne clora d’un doigt doux ses paupières,
Nulle amante pour lui n’ouvrira le linceul.