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Page:Merrill - Une voix dans la foule, 1909.djvu/37

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Tout dans ce beau royaume était ordre et clarté,
Évoluant vers Dieu sur l’égale cadence
Des tours et des retours solennels d’une danse
Ou des chœurs alternés d’un hymne bien chanté.

Et rien n’y présageait les prochaines déroutes,
Les cadavres épars dans votre paix, ô champs,
Les femmes écoutant des râles et des chants,
Les flammes sur les toits et le sang sur les routes.

Mais un soir que le vent d’été soufflait, très doux,
Des monts de l’Orient aux cimes violettes,
J’entendis comme en rêve éclater les trompettes
Des Barbares rués vers nos villes et nous.

Ce fut d’abord un bruit tremblant d’or et de cuivre
Que les petits enfants, interrompant leurs jeux
Pour soulever sur leurs oreilles leurs cheveux,
Écoutaient un instant avant de se poursuivre.

Puis, roulant un fracas de fer comme un torrent
Qui, crevant la montagne, épouvante la plaine,
Nous vîmes dévaler, hurlant à perdre haleine,
Les fauves cavaliers des hordes, rang sur rang.