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Page:Merrill - Une voix dans la foule, 1909.djvu/38

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Ils s’en vinrent dans le galop des chevauchées,
Casqués du mufle roux des taureaux et des ours,
Tirer leurs flèches sifflantes contre mes tours
Et brûler les hameaux dans les moissons fauchées.

Et ce furent alors les fêtes de la Mort !
Ni le sourire éclos sur d’innocentes bouches,
Ni le geste sacré des vieux offrant, farouches,
Leur vie en sacrifice aux rancunes du Sort,

Ne purent arrêter dans l’élan des conquêtes
Les Massacreurs penchés sur leurs maigres chevaux
Et mêlant, pour foncer vers des combats nouveaux,
Leurs cris de guerre au long hennissement des bêtes.

Leurs glaives flamboyaient dans le soleil couchant
Comme les ailes d’or de noirs oiseaux de proie,
Et quand mouraient au loin les clameurs de leur joie,
On voyait des pillards dans l’ombre s’approchant.

Rien ne restait debout sous les rouges nuées,
Ni l’arbre d’un enclos, ni l’huis d’une maison,
Lorsque ceux-ci, des quatre coins de l’horizon,
Surgissaient, s’appelant par de sombres huées.