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Page:Merrill - Une voix dans la foule, 1909.djvu/48

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Venu de loin, allant vers où,
Je ne sais plus en quel royaume
J’erre à pas vagues comme un fou
En pleurant l’ombre d’un fantôme.

Donnez-moi les fleurs de ce mois,
L’hélianthe et le chrysanthème,
Et celle où l’on voit une croix,
Et la rose que l’hiver aime.

Puis, frères, sans vouloir en vain
Consoler celui qui s’exile,
Rentrez, vous tenant par la main,
Vers les lumières de la ville.

J’irai seul, les yeux pleins de nuit,
Chercher, par la plaine où j’écoute
S’éteindre peu à peu tout bruit,
L’enclos sombre au bord de la route

Où je pourrai, sans cris ni pleurs,
Vous oubliant, sceptres et glaives,
Ensevelir avec les fleurs
La beauté morte de mes rêves.