Page:Mestscherski - Les Poètes russes, Volume 1, 1846.djvu/166

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Ô luxueux enfant des fraîches voluptés,
Où sont-ils, Mestscherskï, tes délices sans nombre ?
Ah ! ta nef a donc fui de nos bords brillantés
Pour la rive des morts qui s’enveloppe d’ombre ?
Ta matière est ici, ton esprit s’envola.
Mais où donc est-il ? — il est là ;
— Où là ? — nous l’ignorons, aveugles que nous sommes !
Tout ce que nous pouvons, en ce monde inconstant,
C’est pleurer et crier, crier à chaque instant :
Malheur à nous, les fils des hommes !


Aux lieux où les plaisirs, et la joie, et l’amour
Choyés par la santé, buvaient à pleines coupes,
Chacun sent un frisson le saisir à son tour ;
Et, morne, la douleur courbe les tristes groupes.
La bière a remplacé l’estrade des festins,
Là même où des soirs aux matins
La chanson des banquets tournoyait sur son aîle