Page:Mestscherski - Les Roses noires, 1845.djvu/17

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À les reteindre d’ombres noires
Les brouillards furent toujours prompts.

Je vide aujourd’hui ma corbeille
Aux regards d’un monde moqueur ;
C’est une fleur que veut l’abeille,
Et tout poëte veut un cœur.

Roses du songeur solitaire,
Fuyant l’envie à l’œil haineux,
Laissez la foule de la terre
Aux grands poëtes lumineux.

Éparpillez-vous par le monde,
Mes roses noires, à tous vents !
Et sans toucher la tourbe immonde
Ni tenter les pics décevants,

Tombez, tombez, fleurs du poëte,
Et répandez tout votre essaim
Sur quelque jeune et noble tête,
Sur quelque pur et noble sein.