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LA PHILOSOPHIE DE LA MATIÈRE

avons vu aussi que la calorimétrie est tout autre chose que la mesure à la balance d’une quantité de matière et qu’à cet égard le calorique n’a aucune analogie avec les autres corps simples ; enfin c’est le calorique qui nous a forcé à pénétrer dans la représentation imagée du monde que la notation Condillacienne aurait voulu éviter mais qui a une importance dans la description du système de Lavoisier ; là, nous sommes embarrassé car le calorique pourra être fluide, force mécanique ou force répulsive.

Nous pourrions demander encore comment ces concepts réagirent les uns sur les autres et quelle fut l’influence de chacun d’eux dans la formation d’une science dont la clarté apparente masqua pour un temps les disparates, qui une fois dévoilés devinrent plus tard source de progrès. À cette dernière question nous ne ferons aucune réponse ; c’est en étudiant les problèmes du calorique, des gaz, et de la combustion que Lavoisier révolutionna la chimie ; mais là au contact de l’expérience et de la théorie, dans cette zone intermédiaire où l’on rencontre chaleur, lumière, matière fluide ou discontinue, et où la pensée en acte s’exerce constamment, lors de tout véritable progrès renouvelant la doctrine scientifique, notre pénétration psychologique est forcément en défaut ; l’âme du chercheur reste opaque, même si ses découvertes illuminent soudain l’entendement. Toutefois, si nous n’osons aborder le problème de l’invention doctrinale, nous croyons qu’il serait peut-être fécond de l’examiner sous la forme un peu nouvelle que l’étude de la philosophie de la matière chez Lavoisier lui a donnée, et nous le signalons à l’attention du philosophe.