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LES CONCEPTS SCIENTIFIQUES

audace de demander à nos lecteurs une confiance provisoire, en les priant plus tard d’examiner s’ils ont eu tort ou raison de nous accorder cette confiance.

Entrons immédiatement dans le vif de notre sujet. À la question précédemment posée : « Pourquoi rangeons-nous différentes choses dans un même groupe ? » nous pouvons donc répondre ainsi : « Les genres, dans lesquels notre esprit fait rentrer les objets variés, s’organisent d’eux-mêmes et sans que nous les cherchions, en même temps, d’ailleurs, que se forme aussi spontanément sur la nature de la ressemblance générique une hypothèse que nous allons tenter de dégager. »

Mais, là, surgit, inattendue, une difficulté qui nous arrête. Le concept générique, nous venons de le voir, est l’équivalent d’une supposition concernant la nature des choses ; et c’est en raison de la satisfaction qu’il donne à notre intelligence et à notre imagination que nous l’avons déclaré naturel. Eh bien, dès que nous cherchons à préciser l’hypothèse , pour ainsi dire, par toute conceptualisation, nous apercevons que le problème que nous venons de poser est théoriquement insoluble ; non parce qu’il ne comporte pas de solution, mais parce qu’il en comporte plusieurs qui sont incompatibles et entre lesquelles la logique ne nous permet pas, à priori, de choisir. D’ailleurs, un examen, même rapide, des doctrines de la science ancienne nous montrerait que, dans bien des cas, l’esprit humain a effectivement hésité entre les solutions qui se présentaient à lui ; et, en étudiant les divers points de vue qui ont, au cours des temps, permis d’interpréter un même système de concepts, nous serions étonné de leur apparente et irréductible diversité.

Nous aurons occasion, au cours du présent travail,