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LES CONCEPTS SCIENTIFIQUES

plomb, l’étain, le fer, le cuivre et le vif-argent.

Laissant alors de côté la classification des astres qui avait inspiré le groupement harmonique de nos organes ou des corps métalliques, les paracelsistes copiant leur tableau d’analogie établirent des relations, entre l’or et le cœur, l’argent et le cerveau, le plomb et la rate, le fer et le fiel, le cuivre et les reins, le vif-argent et les poumons, l’étain et le foie ; puis, partant de là, ils construisirent d’autres systèmes d’analogie, puis encore des nouveaux, et cela avec tant de hâte que leur modèle primitif fut parfois oublié, et que l’harmonie qui avait, pendant un temps, discipliné ces ressemblances diverses, fut absente des résultats obtenus ; bref, que le désir d’unité fut peu à peu brisé pour laisser de nouveau la place à des ressemblances hétérogènes que nous examinerons plus tard.

N’insistons plus sur l’analogie formelle qui soutenait pour ainsi dire les systèmes de concepts de la science ancienne ; l’on pourrait en multiplier les exemples, les prenant surtout dans la philosophie chimique des néoplatoniciens ; ont-elles disparu de la science au contact du mécanisme cartésien ? L’on serait tenté de le croire, mais on les retrouverait facilement, à l’état de sous-courants, durant tout le xviie siècle ; et elles ont joué un grand rôle dans les spéculations qui ont abouti à la découverte de la loi d’attraction universelle. Newton ne songeait-il pas à elles, quand, en cherchant à découvrir la grande loi qui maîtrise le monde, il s’écriait : « Il ne faut pas abandonner l’analogie de la Nature[1] »

Plus récemment, n’est-ce pas en découvrant l’analogie formelle des équations de l’électro-magnétisme et de la théorie de la lumière que Maxwell a pu

  1. Principes, vol. II.