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CONCEPTS FONDÉS SUR LA RESSEMBLANCE

ranger dans la même classe ces phénomènes si variés. N’a-t-il pas écrit[1] : « Par l’analogie physique, je comprends la ressemblance partielle entre deux lois appartenant au domaine de l’expérience qui fait que l’une éclaire l’autre. Ainsi, toutes les applications des mathématiques à la science sont fondées sur le rapport entre les lois des grandeurs physiques et les lois des nombres entiers, de sorte que l’effort des sciences exactes tend à ramener les problèmes de la nature à une détermination de grandeur au moyen d’opérations numériques. »

Signalons encore cette correspondance complète entre le monde physique et le monde moral que Leibniz et les mécanistes ont imaginée sous le nom d’harmonie préétablie ; si, en effet, comme l’affirme la philosophie cartésienne, les faits spirituels sont différents des faits physiques, s’ils n’ont aucun contact les uns avec les autres, s’il est impossible d’établir entre eux aucune « communication », comment notre âme peut-elle parvenir à connaître le monde extérieur ? La solution pourtant s’impose ; entre les deux classes différentes, comprenant, l’une les phénomènes de la pensée, l’autre les phénomènes de la matière, — il n’y a rien de commun qu’une analogie, et une analogie constante ; bien que le contenu de chaque classe soit absolument hétérogène à l’autre, la même expression mathématique traduira ce qui se passe dans les corps et ce qui se passe dans les esprits ; sans doute, il n’y aura là que des relations d’harmonie » ; celui qui pénétrerait dans un cerveau en activité n’y verrait pas de pensée, mais des masses de chair, des canaux sanguins, des réactions chimiques qui en sont l’équivalent ; l’on sait que cette thèse, qui au premier abord paraît étrange, a été

  1. D’après Höffding, la Pensée humaine, p. 185.