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cation de quelques effets, et auraient besoin qu’on en suppose de nouveaux pour d’autres. Car cela serait contraire à cette simplicité que nous reconnaissons que Dieu tient dans tous ses ouvrages, à savoir de faire, par des lois très simples, toute la fécondité de l’univers, et c’est principalement ce défaut, outre plusieurs autres, qui nous empêche de croire que l’acide et l’alcali sont les principes de la nature[1]. »

La méthode dont se réclame Bertrand est la méthode cartésienne, qui commençait alors à dominer la chimie et la médecine ; si la citation précédente n’était pas assez décisive pour nous en convaincre, l’affirmation ci-dessous, où le principe de la pure philosophie mécanique est proclamé, suffirait pour lever nos doutes. « Il n’y a assurément que la matière mue en divers sens et figurée de même, qui ait toutes les conditions que nous avons remarquées être nécessaires aux principes, ce qui ne serait pas difficile à démontrer[2]. »

Si la métaphysique cartésienne condamnait le dualisme de l’acide et de l’alcali qu’elle trouvait trop complexe pour être digne de la perfection de Dieu, l’empirisme expérimental condamnait ce même dualisme, parce qu’il le trouvait trop simple pour enfermer l’univers entier sous ses lois…

Quelle a été à cet égard l’opinion de la plupart

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